Les cerises (le retour de la suite)

Que les choses soient claires : je ne veux plus entendre parler de griottes avant l'été 2009. Non mais vraiment, dans quoi est-ce que je me suis embarquée ? En allant chez mes voisins l'autre jour, j'avais des visions de cerises noires et juteuses et de clafoutis plein de noyaux et je me retrouve avec quoi ? Deux kilos de griottes que je me décide, sur un coup de tête, à transformer en confiture. Soit. Mais avant de jouer les Christine Ferber, il faut préparer ses fruits.

Commençons par l'équeutage. Ah, l'équeutage ! Comme si je n'avais rien de mieux à faire un dimanche matin que d'équeuter des griottes ! C'est vrai que les bébés de 15 mois changent leurs couches tout seuls, que les Jonathan aident leur Estelle à préparer des gaufres au petit déj' et que les cadeaux de baby shower sont livrés déjà emballés. Me voilà donc, à 11h du matin, à équeuter ces fichues griottes. Ne voyant pas le fond du sac, je demande, désespérée, à Jonathan de m'aider. Ce qu'il fait dans la joie et la bonne humeur (bien que son "pffff" m'ait convaincu du contraire, mais passons).

Deuxième étape, le dénoyautage. Ah, le dénoyautage ! Tout le monde sait que je n'ai rien de mieux à faire un dimanche soir que de dénoyauter des griottes ! Me voilà donc sur la terrasse, couteau à la main, écrabouillant des griottes une a une et puis non, zut, quatre par quatre, ça va plus vite, avant de préparer le diner. Non mais je vous jure, qu'est-ce qui m'a pris d'aller voir les voisins ? J'ai bien fait de laisser ces griottes pourrir sur l'arbre l'an passé, bien fait pour elles ! Je peste et je soupire mais le résultat est là : vers 20h, j'ai devant moi les plus belles griottes dénoyautées de la terre. Ouf. Je vais regarder The Next Food Network Star avant de me coucher, je l'ai bien mérité.



Lundi, motivée, je stérilise mes pots en verre. Car, je l'ai dit plus haut, je vais faire de la confiture. Je n'ai pas beaucoup d'expérience en la matière mais je sens que ça va marcher. J'ai une recette en béton et puis surtout, je suis motivée.

Sauf que je n'ai pas assez de griottes. Que je m'amuse à faire des règles de trois pour savoir combien de pectine ajouter. Que ma confiture ressemble plus à de la gelée et même en fait à de la gelée liquide. Que je rajoute de la pectine mais que ca fait des grumeaux gris (bah non, je savais pas, moi, qu'il fallait d'abord diluer dans l'eau).

Au secours !

Je suis sur le point de craquer mais je respire un bon coup parce que mince, je suis quand même tout prêt du but. Allez hop, on met tout ça en pot, on retourne deux fois et on attend le "pof" : on y est presque. On prie très fort pour que la confiture prenne... Et la confiture prend.

Le pire, c'est qu'elle est bonne.