dimanche 8 avril 2012

Le jour où je suis devenue Américaine



C'était une belle journée de printemps, le soleil avait été de la partie et, après un hiver inhabituellement long et rigoureux, je portais de nouveau ma veste en velours. Nous étions un peu plus de soixante ce jour-là, 62, je crois, originaires d'une trentaine de pays avec pour seul point commun celui d'asssiter à notre cérémonie de naturalisation. Certains étaient venus en famille, d'autres seuls. Je me souviens de cette jeune fille d'origine iranienne, de son fard à paupières bleu coordonné à sa tenue, de ses sandales à talons hauts et de son grand sourire sur les photos. A côté de moi, une mère de famille bengalie qui reniflait bruyamment et, derrière, sur le côté, deux enfants asiatiques qui ne voulaient pas tenir assis.



La cérémonie était dirigée par un juge, un Noir Américain à la bedaine imposante et à l'humeur joviale. Un an plus tard, je ne me souviens que de quelques bribes de cette cérémonie. Je sais que nous avons regardé quelques vidéos, un message du Président Obama nous souhaitant la bienvenue en tant que citoyens américains, nous avons aussi chacun eu droit à une copie de la déclaration d'indépendance, puis à une brochure mettant à l'honneur de célèbres immigrés naturalisés, Albert Einstein y figurait, ainsi qu'un petit drapeau américain.



Qu'est-ce qui pousse un jour une personne à quitter son pays d'origine, sa famille, sa culture, ses racines ? Pour les plus chanceux, dont je fais partie, les raisons sont simples : une opportunité professionnelle, la curiosité, une rencontre. Pour d'autres, j'imagine les raisons plus complexes et douloureuses. J'ai interprété, à tort ou à raison, l'excitation manifeste de certains candidats à la naturalisation comme une victoire sur un passé. Pour moi, il s'agissait de la suite naturelle des choses.



Jonathan avait été ému par la cérémonie, moi aussi, et puis nous avons du écouter cette chanson. Le juge a conclu la cérémonie en déclarant que le pays avait la chance de nous avoir comme citoyens, les Etats-Unis est un pays de mutts*, a t'il dit, et c'est ce qui fait son charme et sa force. Avant de quitter la salle, j'ai pris le temps de m'inscrire sur les listes électorales et puis nous sommes allés déjeûner, Jonathan et moi, chez Chipotle où, foulard autour du cou, j'ai mangé un burrito.

*bâtard, en parlant d'un chien. Le mot mutt est quand même plus joli.

22 commentaires:

  1. On vous avait fait le coup de Lee Greenwood aussi. Ca me rassure (si on veut !).

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  2. Bonsoir
    A vous lire je me dis que cela doit être fascinant de pouvoir vivre un tel évènement, de façon "consciente". Quand on né dans un pays je ne sait pas si on le ressent de la même façon. J'ai toujours était fascinée par cette façon qu'on les américains d'oser montrer leur amour pour leur pays. Cela est très fort je pense. Peut-être est-dû au fait qu'en France le patriotisme est toujours connoté négativement ?
    Laurence

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    1. Bonsoir Laurence, c'etait en effet un incroyable moment, tant d'histoires melees, l'espace de 2 heures, dans une salle finalement pas tres grande. C'est vrai qu'en France la mot patriotisme a une connotation negative, il est devenu, je pense, synonyme de nationalisme et non de fierte.

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  3. Malheureusement, je partage le constat de Laurence. D'ailleurs, je pense qu'il est plus facile (et mieux perçu) pour un français de dire qu'il aime son pays depuis l'extérieur de celui-ci.

    En tout cas, ce doit être un moment vraiment très fort à vivre !!
    Et je trouve ça beau qu'un pays accueille ainsi ses nouveaux citoyens.

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    1. Je suis d'accord, c'est agreable de se savoir apprecie(e).

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  4. Je trouve que même les photos, sont émouvantes ... alors si j'avais été sur place ! Merci du partage ♥

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  5. On a assiste le 26 janvier a la ceremonie d'accueil des nouveaux citoyens australiens, a Canberra. Un de mes collegues est devenu australien ce jour-la, on voulait etre la pour lui. La ceremonie etait tres belle, pleine de sens. Et j'ai ete terriblement emue. Parce que j'espere qu'un jour, nous aussi, on aura cette chance, qu'on pourra se tenir la et dire que oui, on fait le choix de se lier a un autre pays.
    Tres joli article, tres emouvant. Joyeux anniversaire...

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  6. Pour moi, ce sera le premier anniversaire le mois prochain, et je me souviens encore de l'emotion qui m'a envahie quand, dans la video, le president Obama nous a appeles ses "fellow citizen". Pas de gros sentiment patriotique chez les belges, donc je n'avais jamais ressenti ca auparavant. Je suis tres fiere d'etre americaine !

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    1. C'est vrai que c'est un grand moment, pour moi cela a ete le moment de reflechir a ces dernieres annees et d'etre reconaissante de la chance que j'ai eue d'ecrire ma propre histoire.

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  7. Beaux souvenirs :) J'ai aussi observé les autres nouveaux naturalisés autoujours de moi, quand j'ai reçu la nationalité canadienne, en me demandant quels avaient été leurs parcours et ce que signifiait cette nouvelle nationalité pour eux. J'étais la seule "blanche" sur 76 personnes ce jour-là, et je me suis dit, comme toi, que j'avais de la chance d'avoir pu faire ce choix "naturellement" (et même sans réellement avoir besoin de cette troisième nationalité) et non pour des raisons plus tristes ou compliquées. Mon premier anniversaire de canadiennitude sera en août :)

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    1. Pareil ici en effet, bientot ton 1er anniversaire, il va falloir feter ca, je pense :)

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  8. Je dirais que la chanson avait fait un flop pendant notre cérémonie. Mais je me demandais si elle faisait habituellement partie de la cérémonie puisque notre "officiant" n'avait pas l'air ravi d'avoir à la jouer. Ca me rassure de savoir que "tout le monde y passe".

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    1. C'est trop drole que ton juge n'ait pas ete ravi et oui, on dirait que tout le monde y passe.

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  9. Ben en fait t as deux passeports ou trois.....La Turquie n etant pas dans la communaute europeenne....c est un casse tete chinois!!!!

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  10. Tres emouvant et magnifiques photos. Merci !

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  11. Très beau billet. ça faisait un joli moment que je l'attendais ! ;-)

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  12. quel beau moment,
    je n'ai pu m'empêcher de penser quand Ann a pris la nationalité française
    sinistres bureau, fonctionnaires qui faisaient sentir de haut leur pouvoir,
    en feignant de ne pas comprendre dès que le moindre accent accrochait la langue
    misérable formalisme administratif,
    il reste dans cette cérémonie le souvenir vivace de gens qui voulaient construire un pays de liberté
    et de respect
    de gens qui fuyaient justement les pays du mépris

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  13. pour toi ça doit être super ! un grand moment que nous retrouvons dans tes lignes

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  14. Tout simplement félicitations !

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