dimanche 22 mars 2009

Après l'effort, le réconfort (I)



Je ne sais pas comment je fais mais j'ai toujours le chic pour me retrouver dans des histoires à dormir debout. La dernière en date ? Je me suis retrouvée (bien contre mon gré) témoin dans un procès contre mon ancien employeur.

Tout a commencé le dimanche 30 novembre 2008, alors que Jonathan et moi rentrions tout juste de notre week-end de Thanksgiving. Aux alentours de 19h, je recevais un coup de fil d'un agent du FBI. Avant même que je ne puisse prononcer un mot, l'agent a lâché la phrase que je voulais entendre : "you did not do anything wrong" ("tu n'as rien fait de mal") et j'ai pu me détendre un peu. Il a alors enchaîné sur l'affaire au sujet de laquelle il allait m'interroger le lendemain et puis j'ai raccroché, un peu sonnée. Comme dans les films, ai-je pensé.

Le lendemain soir, je recevais donc la visite de deux agents du FBI, un grand très gentil et un petit plutôt timide. Deux agents en costume-cravate (comme dans les films) mais sans lunettes de soleil (pas comme dans les films, donc). Après deux heures d'interrogation qui ont vite pris l'allure d'une session de thérapie (pour moi en tout cas), le grand très gentil m'a remerciée pour ma déposition, laissé une carte au cas où (elle est toujours sur mon frigo, si ça vous intéresse) et expliqué que je serais peut-être appelée comme témoin lors du procès début 2009. Témoin, moi ? Je n'aime déjà pas parler au téléphone alors devant un jury...

Lorsque les agents du FBI sont partis, je me suis convaincu que les chances que je sois appelée comme témoin au procès étaient quasi nulles. Après tout, je ne savais pour ainsi dire rien des crimes dont on accusait mon ancien employeur alors il n'y avait pas de raison que je découvre le système judiciaire américain. J'étais innocente, moi !


La cour fédérale de Philadelphie

Les semaines ont passé et j'avais fini par oublier jusqu'à la visite des agents du FBI lorsque le grand agent très gentil m'a rappelée fin janvier. Il était désolé pour moi mais le procureur (US Attorney) voulait m'appeler à la barre comme témoin la semaine suivante, il avait un mandat (subpoena) qu'il allait me déposer dans l'heure, pouvait-il passer à mon travail ? Oui, bien sûr, mais avais-je vraiment le choix ? J'ai alors appelé le procureur pour convenir d'un rendez-vous de préparation et puis j'ai poussé un grand soupir en me demandant si le ciel me punissait pour toutes les fois où j'avais répondu à ma mère. Quand j'y repense, ce n'est pas tant le fait d'être témoin qui me gênait dans cette histoire que le fait de revoir mon ancien employeur qui, à l'époque, m'en avait fait voir des vertes et des pas mûres.

Le lendemain, alors que la région avait été balayée par la neige, j'ai pris la voiture en direction de la vieille ville à Philadelphie. J'étais si nerveuse que, une fois arrivée dans les bureaux du procureur, j'ai présenté ma carte de crédit au lieu de mon permis de conduire à la dame de la sécurité. Le procureur est alors venu me chercher accompagné d'une femme agent du FBI et d'un monsieur de l'IRS (l'équivalent du FISC). On m'a dirigée dans une salle de réunion où je me suis installée à une table ovale. Le procureur était à ma gauche, le monsieur de l'IRS devant moi et la dame à droite en face de moi. On a donc commencé à m'interroger (enfin, surtout le procureur) et c'est alors que j'ai saisi la gravité de la situation dans laquelle je me trouvais. J'essayais de répondre aux questions du mieux que je pouvais mais ce n'est pas facile de se souvenir d'événements qui se sont produits quatre à cinq ans plus tôt ! Tout au long de l'interrogatoire, je sentais bien que le procureur aurait aimé que je me souvienne de certaines choses mais ce n'était hélàs pas le cas.

Après deux heures d'interrogation, je suis sortie de la salle épuisée, prête à commander le premier alccol venu dans le bar voisin. J'ai finalement appelé Jonathan pour lui dire de me préparer à manger et à boire pour le soir. Sur le chemin du retour, je n'ai pensé qu'au procès.

A suivre...

Mise à jour : vous pouvez lire les episodes suivants ici :

20 commentaires:

  1. Mon dieu, quelle histoire!! Ma pauvre, je te plains de tout mon coeur, j'aurais détesté être dans ta situation. Heureusement que ce procès n'était pas pour toi, quand'même, parce que là, ça aurait été encore moins drôle!!

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  2. whaoouu!!

    mais là, tu es seulement un temoin, peut-être qu'ils n'auront pas besoin de toi pour le procès lui même, si tu n'es pas un temoin à charge .

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  3. eh bien quelle expérience...

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  4. Oh la la, cela devait être super flippant !

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  5. Ben dis donc c'est fou cette histoire !!

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  6. Tu as bien raison de nous raconter. Outre que c'est passionnant, j'espère que ça t'aidera à le sortir de ton système. Je n'ai jamais fait la même chose, (raconter mes tribulations judiciaires dans le système américain), et je continue de le regretter.

    Mais je n'y arrive pas. Alors je t'admire ! bravo !

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  7. Ciel c'est comme dans un roman , j'ai hâte de connaître la suite !!

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  8. J'attends la suite avec impatience et comme Otir je pense que ca doit faire du bien de sortir tout ca.

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  9. Mais c'est comme Law and Order, vu de l'autre côté - désolée, je suis une fan finie ;)

    Je te comprends, j'ai aussi eu ma part d'employeurs qui m'en ont fait vivre des vertes et des pas mûres! J'espère que tu ne t'en sors pas trop mal et j'ai hâte de lire la suite, pauvre toi.

    Chloé

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  10. Et bien! Sacrée histoire! J'attends la suite :-)

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  11. Oulala ça donne envie de connaitre la suite, mais pas de la vivre! J'ai eu des soucis moi aussi avec mon ancien emloyeur et je n'aimerai franchement pas devoir être confrontée à lui dans un procès... enfin bon vu le personnage ça m'étonnerait qu'il ait même osé hausser le ton sur quelqu'un ne serait-ce qu'une fois... Allez, courage!

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  12. Tu es bien courageuse, ma chère Estelle, et je te félicite de ton attitude citoyenne. Beaucoup d'autres auraient tout fait pour éviter de témoigner. Mais si personne ne fait son devoir envers la justice, il n'est guère suprenant que les employeurs et autres criminels "white collar" se permettent tout et n'importe quoi.

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  13. Merci a toutes pour les commentaires, je vais essayer de raconter la suite dans les semaines a venir.

    Dr CaSo : Franchement, c'est surtout a la place de l'ancien chef que j'etais bien heureuse de ne pas etre !!!

    Anis : J'ai bel ete bien ete appelee comme temoin lors de ce proces debut fevrier. Je ne vais pas vous en dire plus, il faut savoir menager le suspense ;)

    Otir : Ca va beaucoup mieux depuis que c'est passe et je suis surprise des lecons que j'ai tirees de cette experience. J'espere aussi que d'autres trouveront mon experience interessante ! Je ne suis pas admirable, crois-moi, ce n'est pas moi qui ai choisi d'atterrir la-bas !!

    Chloe : Moi aussi j'ai eu ma phase Law and Order ! Et je dois dire que j'ai trouve la cour moins froide et menacante que dans la serie !! J'avais trop peur de me faire agresser par l'avocat de la defense... qui a finalement ete sympa avec moi !

    Clem : Cet employeur-la etait franchement gratine. Ce n'est pas n'importe qui qui finit dans un cour federale, il faut vraiment y aller pour se retrouver la !!!

    Sheryl : Merci Sheryl. Ce n'etait pas facile mais je suis heureuse que la page soit desormais tournee !

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  14. Quelle histoire, vraiment...
    J'attends la suite avec impatience (car ca va surement parler de nourriture a un moment ou a un autre...)
    :-P
    Bisous !

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  15. La vache, déjà en tant que Française en France ce genre de situation est éprovant, mais alors là, dans un pays étranger dont on ne connaît pas, même après des années à y vivre au quotidien, toute la "culture", les us et coutumes, les non-dits, bref toutes les croyances, les sous-entendus des gens, j'imagine que ça peut être très très éprouvant!
    Bon courage! J'attends la suite!
    Cath

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  16. quel suspense Estelle, une aventure pas facile j'imagine

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  17. En attendant la suite et esperant que tout se passera bien...

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  18. Je suis franco-américaine et j'ai tour fait pour ne pas être retenu dans un jury lors de mon juror duty... Geraldine

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